Le guerrier vulnérable

Elleux : « Ca va ? »
Moi : « Oui carrément grave, grosse patate »
Elleux : « Ah tu es incroyable, tu as toujours la pêche, comment fais tu pour faire tout ce que tu fais ? » ou « Tu as une énergie incroyable, tu es jamais fatigué ? » ou « De toute façon toi, tu déchires dans tout ce que tu fais. »
Bah non, c’est pas toujours le cas, loin de là, moi aussi j’ai des coups de mous, des grosses fatigues, des moments où j’ai plus d’énergie et où j’y crois plus avec une grosse envie de tout balancer : c’est le sujet de cet article.

Sur la photo ci-dessus, c’est moi en mode « posture du guerrier vulnérable », une pose de yoga qui n’existe pas sous cette forme, mais quand Mary-Lou Mauricio* m’a demandé de prendre la pose et de raconte qui je suis, c’est ça qui m’est venu car ça résume bien ce que je suis en vrai.

« Guerrier » oui résolument.

Parce que j’ai été un guerrier pendant presque 2 ans, et que ça a failli être mon métier. En effet, pour des bonnes et des mauvaises raisons (envie d’aventure, faire plaisir et rendre fier ma famille, par défi et par virilisme), à 17 ans j’ai voulu faire une « préparation militaire parachutiste » pour être sûr que je ferais mon Service Militaire dans une unité combattante parachutiste et non dans un régiment lambda où je n’aurais pas été sûr de faire « vraiment l’armée », et puis j’avais super envie de sauter d’un avion en parfait état de marche. Et ensuite, après avoir fait l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse suivi d’une maîtrise de Sociologie Politique, toujours à Toulouse, je me suis préparé à passer le concours de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan en 1996. Quelques mois après, j’ai été reçu major de la section Diplômés de l’Enseignement Supérieur, j’ai fait mon intégration et le début du bizutage… pour ensuite démissionner après avoir compris que ce n’était pas fait pour moi et qu’il valait mieux que je libère ma place pour quelqu’un d’autre qui ressemblait plus au stéréotype du Saint-Cyrien comme l’étaient, eux, mes compagnons de chambrée (plus jeunes, issus de classes préparatoires, nés dans des familles avec des militaires, souvent des lycées militaires, etc). J’ai donc finalement comme prévu intégré un régiment parachutiste – le 1er RCP à Pau – et fait mes 10 mois à l’Ecole des Troupes Aéroportées (ETAP, l’école des paras) où j’étais à l’instruction (2ème compagnie) et où je me suis éclaté à faire du sport, beaucoup de sauts et à côtoyer la vraie mixité sociale. Par la suite, j’enchaînerais sur un DESS de « Défense » où la plupart de mes collègues finiront dans des services de renseignement, des entreprises liées à l’industrie de défense, dans la veille stratégique et la guerre économique, etc. Moi je ferais des stages à GIAT Industries et la Mission Militaire de Coopération pour travailler sur l’Afrique, et je passerais le concours de la DGSE sans succès du fait d’un dossier de sécurité peu fiable (drogue, activités politiques, larçin de jeunesse…).

Donc au-delà de ce mode « guerrier » au sens propre qui n’a pas abouti à une carrière militaire ou d’espion, j’ai gardé un état d’esprit « volontaire » et « rustique » qui fait de moi quelqu’un de très déterminé, et c’est vrai que j’ai beaucoup d’énergie et de force d’entraînement. Avant même d’être un para, j’avais été élevé dans une famille de gens très bosseur, « dur au mal » qui ne s’écoutait pas beaucoup et ne laissais pas de place à la plainte, donc il a été facile de faire mienne a devise de mon régiment para : « Ne pas subir ». Mes passions professionnelles et personnelles dessinent de moi une personne très motivée, assoiffée de connaissances et d’expérience, un peu accroc à l’adrénaline et donc ça table bien avec une image d’entrepreneur social inspirant courant de succès en succès, etc.

Et le fait que je poste régulièrement sur les réseaux sociaux ce que j’apprends et ce que je pense, les formations (nombreuses je vous l’accorde) que je fais – dont un CAP Cuisine (sic), mes activités sportives, les aventures Simplon – la belle PME de l’ESS que j’ai cofondée et que je préside depuis 12 ans et qui est passée à l’échelle avec un réseau de 120 école dans 25 pays et qui a formé 50000 personnes, la vie assez particulière que j’ai depuis 18 ans et qui est faite d’aller-retour permanents entre Paris – où j’ai une partie de ma vie professionnelle et personnelle, et Carcassonne où j’ai la femme de ma vie et notre fils, des ami-es et une autre partie de notre belle famille recomposée, également des activités sportives (trails, marches de 100km pour Oxfam, etc), etc… donc forcément ça donne l’impression que je suis une machine de guerre infatiguable qui est sur plein de fronts et qui arrive à tout faire en même temps. Mais il n’en est rien.

Mais fragile et vulnérable, et de plus en plus volontaire et fier de l’être

Oui, aucun souci pour l’assumer, au contraire.

Beaucoup sont souvent surpris par mes propos quand j’interviens dans une conférence ou une table ronde, ou lors de mes TedX, car je parle abondamment de mes échecs, de toutes les erreurs que Simplon a faites, j’évoque mes addictions passées (drogue, alcool) et je pourrais vous parler de celles que j’ai toujours et encore aujourd’hui : je suis souvent « sans filtre » et adepte de ce que Michel Foucault appelait avec les Grecs Anciens la « parrhésia » – le parler et le dire vrai.

Loin de regretter ces déclarations et ses partages que je fais régulièrement, j’ai envie d’aller encore plus loin et c’est ce que je fais ici aujourd’hui. Car c’est très important et utile d’être inspirant, mais dire ses peurs, les problèmes et les échecs qu’on rencontre, c’est encore plus important car cela inspire et aide encore plus, c’est plus pédagogique, plus inclusif, plus motivant et donc il faut aller plus fort dans cette direction.

Donc si je lâche un peu, dans le désordre :

  • parfois j’ai d’énormes moments de fatigue physique et psychologique où je perd complètement « la foi », je trouve que tout ce que je fais est inutile, hypocrite et bouffi d’orgueil (notamment quand je me compare à ma femme qui est toute entière dévouée à prendre soin de ses patients, de nos ami-es, de nos enfants, de moi, de ma famille, etc), et s’ils ne durent pas très longtemps généralement, ils sont profonds et noirs, accompagnés de boulimies et de stress puissants qui réveillent parfois d’anciens démons…
  • je ne vais pas arriver à finaliser mon CAP Cuisine cette année, je n’ai pas assez de temps pour le préparer sérieusement, je me ferais détruire à l’examen donc je vais essayer de le passer plutôt en 2026
  • je suis assez nul sur les sujets « humains » (empathie, émotions, prendre soin des autres, etc) et donc je fais des bourdes tout le temps, en pensées, en actions et dans mes propos, souvent je blesse les gens, où je ne tiens pas compte de leurs besoins trop occupé par ma logique d’émetteur, il a pu arriver que je pousse des personnes à se mettre en difficulté par mes comportements jusqu’au-boutistes et mes injonctions à la performance
  • j’avais prévu de faire un trail de 37km mais je ne suis pas assez bien préparé donc je vais prendre le départ mais je vais le faire en mode balade et la barrière horaire va certainement m’empêcher de le finir, persister à croire que je peux finir cette course avec beaucoup de dénivelé aurait certainement été mon premier réflexe il y a quelques années, mais non, je ne veux plus me « mettre dans le rouge » et risquer de me blesser
  • je ne dis pas assez aux gens que j’aime que je les aime, je fais trop de choses et ça m’empêche de m’occuper de moi, de passer du temps avec ma femme, avec mes enfants, mon rythme effréné m’a fait faire de grosses erreurs dans l’éducation de mes enfants, dans mes relations personnelles et amicales, je ne suis pas doué pour comprendre ce qui est bon pour moi et pour les personnes qui me sont chères
  • plus de 25 ans que je fais du numérique ma passion de vie et mon travail, que je suis un geek engagé et que je « pousse » la tech en évangélisant, formant, valorisant le web, les réseaux sociaux maintenant l’IA générative… mais le numérique est une partie du problème autant que de la solution à nos défis sociaux et environnementaux, quel sens a l’IA dans une trajectoire de dérèglement climatique et d’épuisement des ressources en eau et en métaux, comment choisir l’IA plus que les autres besoins qui requièrent aussi beaucoup (toute notre) énergie ?
  • etc, etc, etc

Je suis conscient de ça, j’en parle, j’assume et je « me soigne » pour ne pas faire plusieurs fois les mêmes erreurs (j’en invente souvent d’autres lol). Et dans ce chemin, j’ai décidé d’aller de plus en plus loin et c’est le sens de la création de JOIN FORCES, le fonds philanthropique personnel et familiale que j’ai cofondé et que j’anime depuis quelques mois, et qui se donne la mission ambitieuse de soutenir financièrement et d’accompagner des coalitions, des collectifs, des alliances et des rapprochements entre des associations, des ONG, des fondations opératrices, des entreprises, des organisations publiques… Pourquoi je vous parle de ça en lien avec la fragilité et la vulnérabilité ? Parce que cette nouvelle aventure d’intérêt général, qui n’a rien à voir avec Simplon et qui est purement désintéressée et bénévole, m’amène à travailler sur des grandes zones d’inconfort par rapport à ce que je suis et la manière dont je procède depuis des années. En effet, il s’agit avec JOIN FORCES non pas d’aller vite mais de prendre son temps, non pas d’être seul mais d’agir à plusieurs, de se donner la patience de la convergence, d’écouter plus que de parler, de travailler à des intelligences collectives au lieu de foncer en solo tête baissée. Et ça, c’est très compliqué pour moi, c’est difficile mais ça m’excite beaucoup, j’ai besoin et envie de ça. Je veux désormais plus que je ne l’ai jamais fait, accepter mes fragilités et mes vulnérabilités, penser contre moi même, prendre le temps d’écouter, de partager, etc.

Tout ce que je vous dis est très banal, mais c’est fondamental pour moi au stade où je suis de ma vie perso et pro, et donc je vous en parle. Aucune indécence, juste l’envie d’être plus transparent, vrai, de générer des réactions, de mettre noir sur blanc les choses.

Merci 🙏


* Cette photo a été prise dans le cadre du projet BORN IN… PPM qui est est une série de portraits de Mary-Lou où les participants posent avec le taux de concentration en CO2 – exprimée en PPM, Parties Par Million – de leur année de naissance en signe de mobilisation contre la combustion des énergies fossiles toujours plus grandissante et pour dénoncer l’injustice climatique, c’est à découvrir sur borninppm.com et maintenant en livre disponible pendant encore 4 jours en pré-commande sur Ulule ici https://fr.ulule.com/born-in-ppm-le-livre/).

A VOIR ET A ECOUTER : 2 prises de parole de bibi

Dans la série « je parle dans le poste », voici deux conversations longues et détaillées que j’ai pu faire récemment et qui reviennent sur pas mal de fondamentaux de qui je suis/pourquoi je fais les choses, sur l’histoire de Simplon, sur ma passion pour l’IA générative et sur JOIN FORCES notre nouveau bébé philanthropique familial

Demain n’attend pas (à écouter ici)

L’entrepreneur social est proche du délinquant juvénile” témoigne non sans humour Frédéric Bardeau, cofondateur de Simplon et de Join Forces. 
Peut-on faire rimer tech et impact ? Comment s’assurer que le digital et l’AI n’aggravent les fractures sociales et les difficultés d’accès à l’emploi ? 
Dans cet épisode, FREDERIC BARDEAU nous dit tout de SIMPLON, l’école du numérique qu’il a créé en 2013 et qui propose des formations gratuites aux métiers du numérique. Avec des formations qui s’adressent en priorité aux femmes (largement sous-représentées dans le numérique), aux personnes éloignées de l’emploi, aux migrants, aux handicapés…
Frédéric nous raconte son histoire. Il parle de prédéterminisme social et de sa volonté de ne jamais être réduit à son origine.Il partage ses rêves de carrière dans l’armée, dans l’espionnage ou comme journaliste de guerre et ses premiers pas professionnels dans la communication de structures engagées.Et il nous présente l’aventure de Simplon. Il nous dit qu’il a toujours voulu développer sa structure vite et à grande échelle : en une décade, Simplon s’est développé sur 25 pays et a formé plus de 40 000 personnes ! 
Au-delà des choix de structure et d’investisseurs nécessaires pour conjuguer croissance et impact, il se confie avec beaucoup de vulnérabilité sur ce que cela implique pour lui et pour ses équipes. Il parle de son besoin d’adrénaline et ses addictions et de la recherche d’équilibre qui l’anime aujourd’hui. 
Frédéric pose aussi son regard sur les enjeux de la tech et de l’IA, monde qu’il a vu évoluer depuis plus de 20 ans. Lucide sur les enjeux écologiques, il témoigne avec optimisme des enjeux sociaux et politiques. 
Enfin, Frédéric raconte sa nouvelle aventure, JOIN FORCES, une fondation qu’il vient de lancer avec sa femme et ses enfants, dont la mission est de soutenir et renforcer les coalitions d’acteurs associatifs. Sky is the limit!

Mediatico (à écouter ici)

Frédéric Bardeau lance Join Forces et nomme Flore Vasseur à sa présidence

Le multi-entrepreneur Frédéric Bardeau vient de lancer, à l’occasion de son 50e anniversaire, le fonds philanthropique Join Forces, dont il confie à partir d’aujourd’hui la présidence à Flore Vasseur, révèle-t-il en exclusivité à Mediatico, dans l’émission ESS On Air qui place les acteurs de l’économie sociale et solidaire au coeur de l’actualité. Flore Vasseur, journaliste, écrivaine et entrepreneuse, a notamment réalisé le documentaire « Bigger than us », qui a marqué Frédéric Bardeau.

Après avoir lancé voilà douze ans Simplon.co, l’école gratuite du numérique qui a déjà permis de former 45.000 personnes dans 25 pays, après avoir également initié Tech4Good France ou encore les Universités de l’économie de demain du Mouvement Impact France, Frédéric Bardeau aborde donc aujourd’hui, avec Join Forces, une nouvelle phase de sa vie d’entrepreneur. Celle qui sera sans doute le fruit de toutes les aventures précédentes.

Join Forces ambitionne de lever 1 million d’euros, dès sa deuxième année d’existence, pour financer les alliances, les convergences ou les coalitions d’associations qui oeuvrent au service de l’intéret général. A titre personnel, Frédéric Bardeau mettra 25.000 euros chaque année dans ce fonds philanthropique familial, dont la gouvernance embarque son épouse et ses cinq enfants.

Quelles coalitions d’associations financer ?

La famille Bardeau souhaite financer 5 à 10 projets chaque année et plusieurs pistes de coalitions à financer ont déjà été identifiées, notamment dans « l’aide sociale à l’enfance, l’environnement, l’économie régénérative, l’humanitaire ou encore le décrochage scolaire », explique l’entrepreneur avec optimisme. Ces projets seront soutenus durant plusieurs années et le financement permettra de payer « tout ce qui n’est jamais financé », tel un poste de coordination, une mission de facilitation ou des outils numériques collaboratifs par exemple. 

« Mais nous ne financerons pas les projets numériques », précise-t-il à Mediatico, pour ne pas faire de concurrence aux activités de Simplon ou de la Fondation Simplon. Ce fonds ne financera pas non plus des projets de plaidoyer, ni des projets de “ralliance” qui consisteraient pour une personne d’influence à demander à des associations de rallier sa cause. Le fonds philanthropique Join Forces entend ne financer que des projets concrets, portés par des acteurs de terrain.

Sur le plan juridique, Join Forces aurait tout d’une fondation à la française. Mais il est qualifié de « fonds philanthropique » parce qu’il se trouve hébergé par la fondation belge Roi Beaudoin, par le hasard des rencontres et des affinités personnelles nouées par Frédéric Bardeau. Les équipes françaises de la Fondation Roi Baudoin ont fait preuve de beaucoup de « souplesse et d’agilité ».

Une Journée des Acteurs de l’Impact Collectif

L’initiative Join Forces témoigne d’une difficulté croissante des associations à financer leur développement ou leurs projets, dans une période où la contrainte budgétaire est particulièrement forte et où les financements publics, sous forme de subventions ou d’appels à projets, se raréfient. 

Frédéric Bardeau organisera une Journée des Acteurs de l’Impact Collectif, le 10 avril prochain à Paris, afin d’identifier de futures coalitions d’associations mais aussi de réunir autour de lui d’autres philanthropes, qui pourront défiscaliser leur don.

En fin d’émission, Frédéric Bardeau est aussi revenu sur le Sommet international de l’IA qui se déroulait à Paris début février. Il nous dit son optimisme, réel mais prudent, sur le développement fulgurant de l’intelligence artificielle. Et sur ses conséquences sur le marché de l’emploi, et en particulier dans le secteur de l’économie sociale et solidaire.

Maintenant est venu le temps de JOIN FORCES

(cet article est une reprise du post publié sur mon LinkedIn qui a donné lieu à pas mal de réactions)

A l’occasion de mes 50 ans, j’avais fait ici un #teasing annonçant un nouveau projet ambitieux : cet article met un terme au suspense et aux rumeurs (non je ne quitte pas Simplon du tout lol, ce dont je vais vous parler c’est en plus et à côté, et c’est quelque chose de personnel, et de familial). Certaines personnes clés dans mes environnements professionnels et personnels sont déjà au courant mais maintenant c’est le moment de faire une annonce qui va m’engager à poursuivre ce sur quoi je travaille depuis des mois, et de réaliser enfin ce projet que je mûris depuis tant d’années.

Pourquoi JOIN FORCES ?

Depuis 25 ans, mon parcours est guidé par deux fils conducteurs : le numérique et l’intérêt général. D’abord en agence de communication (notamment avec Limite), où j’ai accompagné des associations, fondations et acteurs de l’ESS à faire entendre leurs messages et collecter des fonds. Puis en 2013, avec la création de Simplon, une entreprise sociale aujourd’hui active dans 25 pays, qui a formé plus de 45.000 personnes aux compétences et aux métiers du numérique, présente en Afrique avec Simplon Africa et Simplon Maghreb et qui déploie des actions d’intérêt général au travers de Simplon Foundation et de Simplon.Asso.

Au fil de ces années, j’ai observé un paradoxe persistant et très agaçant : nous sommes nombreux à dire que personne ne peut résoudre seul les grands défis de notre époque, mais nos organisations (associations, ONG, fondations) restent trop souvent enfermées dans leurs “couloirs de nage” et ne collaborent pas pour maximiser l’impact. Pourtant, les financeurs, de leur côté, commencent à s’unir via des « giving circles », des fonds territoriaux, des « pools » de donateurs, des coalitions de fondations, etc. alors que du côté des ONG, cette dynamique reste encore trop rare, et quand elle existe, elle est très peu soutenue et financée en tant que telle.

La genèse de JOIN FORCES

L’ODD 17, qui établit clairement qu’on arrivera PAS à atteindre les autres ODD sans des partenariats stratégiques autant que le bon sens, l’urgence des crises actuelles et le contexte de diminution des subventions, des dons et d’attaques sur la fiscalité du don nous enjoignent à unir nos forces. La fragmentation des efforts, l’explosion des besoins et des difficultés dans les ONG rendent cette collaboration non seulement essentielle, mais impérative. Celles et ceux qui me connaissent le savent : depuis des années, je plaide pour que l’union fasse la force et que se constituent des « justice leagues » pour qu’enfin les super héros et les super héroïnes travaillent ensemble pour abattre plus facilement les murs et gravir les montagnes qui sont devant nous en formant des collectifs d’acteurs.

Je l’ai fait en participant à la création de Tech For Good France (à l’époque France Eco Sociale Tech) et en initiant l’idée qui allait devenir l’Université d’Eté de l’Economie de Demain portée par le Mouvement Impact France et ses partenaires de l’écosystème. Simplon et la Simplon Foundation sont partie prenante ou directement à l’origine de collectifs : nous avons accompagné fortement la création et le développement de la Grande Ecole du Numérique aux côtés de l’Etat, cofonder des collectifs tels que Les Intrépides de la Tech ou encore WoGiTech – Women & Girls in Tech , ou encore, pendant le premier confinement, nous avons porté « Gardons le lien » une coalition formée aux côtés d’Isabelle Kocher de Leyritz et des membres du Collectif d’entreprises pour une Économie plus Inclusive pour venir en aide aux personnes qui étaient déconnectées de leurs proches.

En une image tout est dit 😉 « On ne peut pas sauver le monde seul. »

Cette idée simple, je ne l’ai pas inventée, comme je n’ai pas eu l’idée de Simplon non plus, d’autres l’ont forgée et étudiée scientifiquement (comme la Stanford Social Innovation Review début 2010 avec le « collective impact ») d’autres la déploie comme La Fonda dans le cadre de sa démarche « Faire ensemble », mais avec JOIN FORCES, cette idée et cette vision : je veux l’incarner, la défendre, la financer et l’amener le plus loin possible.

Depuis quelques années, je répète qu’il faudrait une fondation dédiée spécifiquement au soutien financier et à l’accompagnement de ces collectifs, car cela n’existe pas ou trop peu. Et aujourd’hui, ce fonds philanthropique abrité par la Fondation Roi Baudouin voit le jour : je l’ai créée, en embarquant avec moi ma famille et certains proches, et vous aussi si ça vous parle pour qu’ensemble nous la dotions de moyens conséquents pour financer des collectifs et démontrer la supériorité de la coopération sur la concurrence. JOIN FORCES est la concrétisation d’une idée dont le temps est enfin venu et ça me réjouis autant que ça m’électrise de vous présenter cela aujourd’hui.

Tadaaaa : voilà le logo du fonds avec le bleu Yves Klein, pilier de l’identité visuelle de JOIN FORCES, et clin d’oeil assumé à la Révolution Bleue de Jean-Pierre Goux.

« Et maintenant que faisons-nous ? »

C’est un clin d’oeil à l’excellent livre de Flore Vasseur dont je me sens si proche et donc je vous conseille la lecture car JOIN FORCES c’est mon « Bigger than us » à moi, le projet qui vient parachever toutes mes années au service de l’impact. Et donc ce qu’on fait maintenant c’est qu’on continue à bosser bien sûr, et surtout on lâche rien !

JOIN FORCES est un fonds philanthropique redistributif de flux qui collecte des fonds pour les redistribuer à 100% (pas de frais) à des acteurs qui font ensemble (collectifs, coalitions, alliances, fédérations, réseaux) ou des « organisations de soutien » (« backbone organizations« ) qui fédèrent des acteurs autour d’elles, et qui favorisera la consolidation et les rapprochements entre ONG et associations.

Nos soutiens financiers seront pluriannuels et non-affectés à des programmes (mais fléchés sur la collaboration et le collectif) et ils viendront abonder ou matcher des collectes de la part des coalitions, ou viendront en cofinancements de programmes collectifs afin d’assurer une démultiplication encore plus forte de l’impact de JOIN FORCES.

Cependant, soyons bien clairs :

1. Personne ne dit que ce sera facile. Soutenir des coalitions, bâtir des alliances, favoriser des rapprochements, faire taire les égos, c’est un défi complexe, c’est un projet « écosystème » comme on dit donc compliqué à expliquer, à financer et à défendre. Mais j’aime la difficulté, j’ai tout le temps qu’il me faut car cette initiative ne vise pas l’hyper-croissance ou à résoudre tous les problèmes. C’est bien plus modeste et donc plus ambitieux : nous ferons 3 ou 5 soutiens par an au début.

2. Nous n’allons PAS commencer par le plus difficile. Nous privilégierons des victoires rapides, en travaillant avec des secteurs et acteurs déjà mûrs pour la collaboration, plutôt que de forcer des alliances artificielles ou opportunistes.

L’autre point important c’est JOIN FORCES n’a pas l’ambition de tout faire sur tout :

  • Nous soutiendrons certaines causes, mais pas toutes, nous allons insister sur les ODD et au sein des ODD sur des thématiques négligées, des publics et des territoires fragiles ;
  • Nous ferons appel certains financeurs, mais pas tous. Seulement ceux qui sont mûrs pour soutenir des collectifs, faire des dons non-affectés et donner corps à une philanthropie non-compétitive qui encourage le passage à l’échelle des solutions et non celle des acteurs individuels.
  • Nos financements seront couplés à des accompagnements. A l’argent nerf de la guerre, nous apporterons également des conseils, des mises en relations, des méthodologies pour faire ensemble, des outils technologiques (et sûrement de l’IA of course), du mécénat de compétences.

Lancé en mode MVP avec l’appui de la Fondation Roi Baudouin qui l’abrite (merci à Joseph Le Marchand et Laure Vienot-Tronche), le fonds JOIN FORCES va démarrer ses premières actions en janvier 2025, nous sommes en train de rencontrer des collectifs et des organisations de soutiens afin de les soutenir massivement et durablement : je vous en dirais plus très rapidement. Nous cherchons à démontrer qu’un financeur spécialisé dans les coalitions et les collectifs peut véritablement changer la donne en maximisant l’impact collectif et bientôt nous en apporterons la preuve.

JOIN FORCES : un projet collectif et familial

Bien entendu cette aventure est une aventure collective. Au coeur de cette initiative, il y a une envie familiale : ma femme Geraldine Bardeau Brimaud dont la vie est dédiée au soin (en tant que médecin, humanitaire, gériatre et bientôt MPR) et à de multiples activités tournées vers les autres, et nos 5 enfants qui ont entre 13 et 26 ans – et qui sont les générations futures pour lesquelles nous avons envie d’agir – sont embarqués dans le choix des projets, tenus au courant régulièrement et impliqués s’ils ou elle le souhaitent dans les décisions importantes.

La Bardeau Brimaud Iborra’s family au complet avec par ordre chronologique Inès, Loucas, Paul, Félix et Jules + en bas à gauche Géraldine en mission humanitaire au Burkina + Bibi

Parallèlement, plusieurs personnes clés que je vous présenterai au fur et à mesure nous ont rejoint pour unir leurs forces à celle de JOIN FORCES (#teasing Laurent, Roxana, Arnaud, Alissa, John mais aussi les « sages » qui me conseillent et me challengent Olivier et Dorothée, Myriam, Jean Philippe, Max…).

Au sein de la gouvernance de JOIN FORCES, aux côtés de la Fondation Roi Baudoin et d’un-e président-e qui va représenter l’intérêt général (je ne peux pas encore vous révéler qui mais je croise les doigts pour qu’elle dise oui #teasing), un collège permettra à des fondations, des cercles de fondateurs et des acteurs clés de l’impact collectif d’être représenté et de nous aider dans nos choix.

Alors ? Vous en pensez quoi ? Vous venez unir vos forces avec nous ?

25 ans d’engagement dans l’impact et plein d’inspirations structurantes au contact de structures comme la Fondation de France, Ashoka France, La France s’engage, Epic Foundation ) m’ont conduit à cette initiative et je veux y consacre le temps, l’argent et l’énergie qu’il faudra pour les 25 prochaines années.

Bien entendu, je reste à fond sur Simplon et plus que jamais aux côtés de Veronique SAUBOT, de nos managers et de nos équipes, pour continuer à faire grandir cette belle réussite d’une entreprise de l’ESS qui ne choisit pas (plus) entre rentabilité et impact social et qui va devenir prochainement une « licorne de l’impact social » avec le soutien indefectible de nos investisseurs VRAIMENT à impact (c’est rare de nos jours). Parallèlement je continue mes activités de formateur et de consultant en IA car cela me permet de financer JOIN FORCES et de couvrir ses frais de fonctionnement (donc on en parle quand vous voulez 🤓).

Mais une partie de mon énergie va désormais se focaliser sur JOIN FORCES. Parce que je n’en peux plus des appels à projets qui aiguisent les compétitions au lieu de fédérer les énergies. Je ne veux plus entendre des financeurs qui désespèrent que les projets qu’ils soutiennent ne travaillent pas plus ensemble alors qu’ils agissent sur les mêmes territoires ou les mêmes thématiques, et même parfois les deux. Je ne veux plus assister de manière impuissante à des défaillances d’associations qui n’ont pas la taille critique ou qui peinent à se financer dans leur coin alors qu’elles peuvent fusionner, se lier et unir leurs forces à d’autres.

« C’est en additionnant les forces qu’on démultiplie vraiment l’impact.« 

Si vous partagez cette vision, ou connaissez des projets et acteurs qui sont alignés, rejoignez-nous. Ensemble, faisons de l’union une force durable. On en a jamais eu autant besoin que maintenant.

Fred

(et Géraldine, et les enfants, et nos premiers soutiens, et bientôt vous)

PS : plus d’informations sur JOIN FORCES sont disponibles sur ce site web bilingue que j’ai fait de mes blanches mains https://www.join-forces.org/

PS 2 : si JOIN FORCES sort du bois aujourd’hui c’est parce qu’on est le 17 décembre et on va garder cette habitude de communiquer tous les 17 du mois en référence à l’ODD17 😉 donc rendez-vous le 17 janvier pour de prochaines news !

PS 3 : JOIN FORCES ne s’occupera PAS directement de soutenir des initiatives numériques car il y a déjà de super acteurs qui font des trucs super comme Simplon Foundation sous la direction de Guillaume Trouille qui participe à des justice leagues géniales comme Les Intrépides de la Tech ou WoGiTech – Women & Girls in Tech… mais bon, on ne va pas se priver de mettre de la tech et de l’IA dans le soutien de JOIN FORCES aux collectifs et aux « backbone organizations » car ça peut aider grave 😉

PS 4 : si vous voulez soutenir JOIN FORCES avant le 31/12 et bénéficier de toutes les défiscalisations possibles et imaginables en France mais aussi dans plus de 30 autres pays, c’est là que ça se passe : https://www.join-forces.org/soutien

PS 5 : il y a pas de PS 5 mais je trouvais ça drôle d’aller jusqu’à 5 en mode blague par rapport à la console de jeu Sony Playstation (ok c’est un bide), et aussi pour voir si vous allez lire ce long post jusqu’au bout, et vous arracher un dernier petit sourire 😀

La cuisine et moi : une affaire de famille et de COVID !

Je me rends compte que mes posts sur ce blog sont un peu “random” mais ce n’est pas grave et on ne se refait pas 😉 puisque aujourd’hui je vais vous parler de CUISINE ! C’est quelque chose d’assez particulier dans ma vie et qui prend de plus en plus de place, et puis c’est un bon sujet de rentrée, ça prolonge les vacances et ça change de la tech et de l’IA non ? Les deux actualités qui me poussent à écrire sur ce sujet sont les suivantes : en juin dernier, j’ai pris la décision de démarrer un CAP Cuisine en ligne avec l’Atelier des Chefs (si si, je vous raconte un peu plus bas) et ensuite, quelques semaines plus tard, Paul, un de mes fils qui vient d’avoir 18 ans, a validé son Bac Pro Cuisine à Albert de Mun et vient de décrocher son premier CDI au Bouillon du Coq de Thierry Marx à Saint-Ouen (cool, bravo Polo). Jamais je n’aurais pensé qu’un de mes enfants en ferait son métier (mais c’est super, je suis trop fier). Et à titre perso, je n’aurais jamais pensé que je prendrais autant de plaisir à cuisiner et à monter en compétences pour le faire de façon professionnelle (même si l’idée ce n’est pas d’en faire mon métier hein). Et quand je regarde dans le rétroviseur, mon histoire personnelle ne me prédisposait pas DU TOUT à développer un intérêt pour la cuisine.

Les racines familiales (🐟) et l’histoire de mon parcours culinaire atypique

Dans le cadre de leur activité professionnelle de poissonniers (avec un magasin et des camions qui tournaient dans toute la région), mes parents se sont très vite diversifiés pour offrir des services de traiteur. Donc dès la fin des années 1970 et mes premières années, j’ai été baigné par le commerce alimentaire et la cuisine qui étaient omniprésents dans ma vie quotidienne puisque notre famille vivait dans l’arrière-boutique de la poissonnerie. Notre cuisine familiale était le lieu de nos repas mais aussi et surtout le laboratoire de la préparation des recettes que mes parents commercialisaient dans la boutique et les “tournées”. Dès le matin à l’aube et toute la journée, les poissons au court-bouillon, coquillages et crustacés, huîtres et moules, pains de poissons, mayonnaise, coquilles Saint-Jacques, soupe de poisson… les odeurs et les saveurs étaient partie intégrante de mon quotidien. Je n’étais à l’époque pas très “client” du poisson et pas plus des légumes (je préférais la viande) et l’idée de “faire la cuisine” était très loin de mes préoccupations. De par leur génération, leur terroir (le Poitou) et leur profession, mes parents m’ont élevé dans les choses simples et bonnes des plaisirs de la table : produits sains, locaux (souvent du jardin ou du champ de leurs amis) avec le “fait-maison” comme mode de préparation unique. Étudiant, ça s’est dégradé considérablement car mes parents n’étaient plus là pour me faire “bien manger” et donc je partageais mes repas avec mes proches à base de croque-madame frites mayonnaise, de crêpes (car je servais dans un restaurant pendant mes études à Sc Po Toulouse) et de charcuteries et de tapas quand on jouait à l’extérieur, et à domicile c’était les 🍕, les pâtes et les boîtes de cassoulet, de paella, etc. Marié, puis re-marié, ce n’était plutôt pas moi qui cuisinais, ou de manière marginale, et j’affectionnais plutôt les restaurants ou les livraisons à domicile (#flemme), ou alors uniquement certains plats pas du tout équilibrés mais qui ont fait ma popularité auprès de mes enfants : crêpes Knacki Vache Qui Rit, plats ultra-transformés et moulte quiche-lorraine ultra fromagées avec des lardons, des pâtes et des ingrédients industriels.

🍽️ Le COVID m’a sauvé et mon fils Paul a fini de me convertir

Cela a duré comme ça… jusqu’au premier confinement du COVID où je me suis retrouvé, comme nous tous, cloîtré à Paris, avec ma femme en première ligne au front (médecin en SSR en Seine-Saint-Denis #ouch), et moi en deuxième ligne à la maison à faire le soutien scolaire des enfants et la logistique. Et là, parce que ça m’occupe et que ça me déstresse, parce que Madame adore manger et les bonnes choses en général mais que là, en pleine “guerre contre le virus”, ça me permettait de me sentir moins impuissant et que ça l’aidait et la réconfortait quand elle rentrait tous les soirs épuisée en pleurant, je me suis mis à cuisiner, des trucs simples et efficaces. Et de fil en aiguille, je me suis mis à prendre du plaisir, à varier les plats, à apprendre certains gestes, à m’équiper du minimum de matériel… et c’est grâce au coronavirus que j’ai attrapé le virus de la cuisine ! Depuis, quand je suis à Paris, je cuisine pour mes enfants (ados) qui auraient sans ça le régime alimentaire que j’avais à leur âge ; et quand je suis à Carcassonne, je cuisine pour ma femme et ses/notre enfants. Bien sûr, il y a parfois quelques livraisons, et souvent des restaurants quand la #flemme me prend ou que la charge de travail ne permet pas de trouver l’énergie pour cuisiner, mais globalement maintenant mon quotidien est fait d’approvisionnements (je fais les courses) et de transformation en plats (je cuisine), et c’est très cool, j’adore. Alors, quand mon fils Paul a arrêté son lycée en filière générale pour bifurquer vers un lycée professionnel en section cuisine, non seulement je l’ai soutenu, mais j’ai commencé à développer des complicités et des compétences à son contact. Jusqu’à ce que je décide de l’imiter en m’inscrivant en CAP Cuisine en ligne sur l’Atelier des Chefs !

Nouveaux défis : un CAP Cuisine à l’Atelier des Chefs et plein de plaisirs sains au quotidien

Maintenant, plus de plaisanteries 🔪 : j’apprends les gestes, la théorie, le métier de commis de cuisine ! Pas de pression car je ne veux pas en faire mon job, et surtout j’adore apprendre. Ce n’est pas un hasard si j’ai cofondé Simplon, été intervenant au CELSA et si je fais des formations à l’IA (je vous les conseille d’ailleurs lol) : la pédagogie et la transmission me passionnent et J’ADORE APPRENDRE. Je lis des dizaines de livres par mois depuis des dizaines d’années, je consomme beaucoup de médias, ma curiosité est insatiable et mes sujets de prédilection sont très divers (la tech, l’impact mais aussi le yoga, l’astrophysique et l’astronomie, le développement personnel, etc.). Quand j’aime un sujet, je dévore tous les livres écrits sur le sujet, je veux tout savoir, tout comprendre. Et donc en 2023 et en 2024, je me suis mis à me former à l’IA un peu sérieusement : j’ai accumulé des dizaines de certifications en ligne sur le sujet (voir ici) et passé avec d’autres participants du monde entier un certificat de 8 semaines au MIT à la croisée du département “business” (la Sloan Management School) et du laboratoire tech spécialisé sur l’IA (le CSAIL). Et donc pour la cuisine, c’est pareil : je veux connaître et comprendre les bases, maîtriser les gestes, identifier les mécanismes qui sont à l’œuvre derrière ce métier génial mais très différent selon le lieu et l’univers dans lequel il se déploie.

I 🫶 cuisine and cuisine is 🫶

🍴 Mais bon, le fond de l’histoire c’est que la cuisine c’est une technologie de diversion (je ne pense plus à rien quand je cuisine) et de transmission d’amour à grande échelle (parfois je me dis que ce n’est que cela). La cuisine c’est une science multidisciplinaire entre la chimie et la physique mais aussi un artisanat et un art. C’est un métier mais surtout une passion dévorante (lol) qui renforce son lien aux autres (famille, ami-e-s, relations) et à soi, car on ne le répétera jamais assez : l’alimentation est notre première médecine ! La base de notre bien-être et de notre santé à court, moyen et long terme. Ce que j’aime, c’est que c’est aussi une école d’humilité (comme le yoga, le sport et plein d’autres activités), qu’on a toujours des choses à apprendre, que rien n’est acquis, que le produit est la base de tout et une grande partie de la clé du résultat final. C’est une discipline du quotidien, un lien fort à l’essentiel, au convivial et bien sûr je ne prendrai pas la grosse tête. En plus, quand on a des “viandards” (Paul, Félix, Jules, Loucas) et des vegan/flexitariens à forte tendance “veg” (Inès, Géraldine, bibi) : ça oblige à être créatif et multi-plats. Mais que ce soit bien clair hein : le “Chef” 👨‍🍳 ce sera peut-être mon fils s’il continue à bien bosser (là il est au Bouillon du Coq de Thierry Marx à Saint-Ouen) et s’il le souhaite (il s’est acheté le magnifique livre “Imprégnations” d’Anne-Sophie Pic), ça ferait un autre « Paul B » dans le landerneau de la cuisine lol. Quant à moi, je suis juste et tout simplement une personne qui cuisine, pour les siens et pour lui, et qui utilise ChatGPT, le web et https://chefsimon.com/ sans modération. Donc il se peut que je revienne sur mon apprentissage (en ligne avec l’Atelier des Chefs, et en vrai) et mon avancement dans ce cursus de CAP Cuisine, peut-être pas ici (quoique) mais plutôt sur mes autres réseaux sociaux (Facebook/Insta). Je “mange” de la théorie et j’apprends plein de choses sur les aliments, les techniques et l’histoire de la cuisine. Je fais mes gammes et je me frotte aux basiques de la cuisine qui sont demandés dans le cadre de l’examen. Et j’ai des activités culinaires extra-scolaires que ma vie quotidienne de cuistot familial au fil des saisons, des envies et des idées que je glane.

👨‍🍳 “C’est moi qui l’ai fait” 😉

Dans un autre article, je vous raconterai d’autres épiphanies et d’autres rédemptions que j’ai pu réaliser et qui sont comparables à ma “conversion” à la cuisine, mais pour l’heure et pour conclure, voici quelques exemples de choses que j’ai pu faire ces dernières semaines pour vous donner l’eau à la bouche et vous inviter à me partager vos expériences, vos recettes et votre relation à la cuisine :

  • Un risotto aux fèves fraîches de Sisi et aux morilles
  • Des bons pains (complets, avec des farines variées, avec mon levain, etc)
  • Un tian de légumes du soleil
  • Une lotte rôtie aux herbes avec une purée de patate douce
  • Une tapenade maison bien dosée
  • Une tarte aux fraises avec une pâte sablée et une crème diplomate
  • Des financiers aux amandes, des marbrés, des pancakes pour les goûters
  • Des vraies bonnes lasagnes végétariennes
  • Un vrai gratin dauphinois
  • Une vraie ratatouille avec un vrai concassé de tomates
  • Des curry de légumes, des dahls, des plats végétariens savoureux
  • Une tourte avec les restes du poulet et une pâte à l’huile niçoise
  • Avec les mûres du lac de la Cavayère à Carcassonne : des muffins et des tartes (avec un confit de mûres en base)
  • Une moussaka dans les règles de l’art

Vive la cuisine et la passion d’apprendre (et de transmettre) !

#miam

Tim Ferriss sort de ce corps ;-)

Ah ah ah j’ai eu un call avec une personne cette semaine qui m’a dit qu’elle avait entendu parlé de moi la première fois en écoutant ce podcast que j’ai fait pour la super dream team de Ticket For Change et que j’ai remis ci-dessous :

Au-delà du fait que ce podcast a été enregistré au début de Simplon et donc que c’est drôle de voir le chemin qu’on a parcouru depuis (on avait 4 ans et demi, 35 écoles, 1000 personnes par an, 90 salariés) et que l’interview a été réalisée à Station F quand on avait quelques bureaux là bas, les enjeux et les thèmes que je développe n’ont, eux, pas trop changé depuis ces dernières années. Je suis toujours à la recherche des meilleurs moyens, outils et solutions pour être super productif et – en même temps comme dirait l’autre – respecter mon équilibre vie pro/vie perso, passer du temps avec ma femme, mes proches, nos 5 enfants.

Parfois je me dis que ça aurait du sens que je partage mes trucs et astuces, mes outils et que je rende compte des choses que j’ai essayé et qui n’ont pas marché, etc. D’autant que j’ai exploré de nouvelles méthodologies, de nouveaux moyens de gérer le temps et les tâches, que les apports de l’IA et de l’IA générative sont déterminants pour gagner du temps, mieux comprendre et apprendre… Et puis c’est pas comme si j’avais pas également beaucoup avancé sur les bonnes pratiques en matière d’hygiène de vie aussi. Depuis l’époque du podcast cité plus hait, j’ai modifié mes routines, j’en ai ajouté de nouvelles, j’ai complètement arrêté l’alcool depuis 5 ans (révolutionnaire comme impact), j’ai stoppé deux ou trois autres addictions délétères qui me pourrissaient l’existence, bossé sur ma nutrition, mon activité physique…

Peut être que je vais partager tout ça, ou pas, mais si je le fais il faut que je trouve le bon format, le bon média et le bon ton car je ne veux donner de leçons à personne, ni laisser penser que je suis une machine de guerre qui maîtrise tout, je ne suis ni Tim Ferriss, ni le bon Dr. Andrew Huberman, ni un guru du développement personnel. Juste une personne qui cherche sa voie et son chemin de vie et qui met tout en œuvre pour être efficace, efficient et profiter un maximum de son temps sur Terre car une chose est sûre : la vie est courte donc autant ne pas la gâcher !

Pour des technologies, usages et expériences immersives plus responsables !

Il parait que la mode n’est plus au « métavers » : on l’entend et on le dit mais est ce vrai ? Non. Est ce que les mondes immersifs sont irrémédiablement condamnés ? Bien sûr que non. Les sarcasmes faciles sur l’entreprise qui s’est renommée en 2021 pour afficher son soutien et sa vision et qui a investi des milliards pour faire émerger des plateformes, des outils, des équipements et des usages ne doivent pas nous cacher l’essentiel : les technologies, usages et expériences immersives sont parmi nous et elles ont vocation à se développer et à être adoptées largement dans le monde des organisations et aussi au sein du grand public.

C’est pour cette raison que Simplon et la Simplon foundation s’est saisie de cette problématique pour creuser leur volet « soutenabilité » et « responsabilité » et a embarqué plus de 30 contributeurs pour en avoir le coeur net : que peut on répondre aux questions « qui fâchent » sur les métavers et ces technologies immersives (XR ou pas) et que peut on faire pour discerner leurs meilleurs usages « for good ».

J’ai eu cette formule qui résume un peu notre idée de base : « C’est précisément parce que les métavers n’existent pas encore et que les technologies et expériences immersives cherchent encore leurs usages et leur place dans l’écosystème numérique qu’il faut travailler aux questions de responsabilité et de soutenabilité qui les concernent. Après il sera trop tard.« 

Créé avec Midjourney

Depuis son lancement le 12 octobre 2022 lors d’un événement chez AG2R La Mondiale qui a réuni 119 participants autour de 4 tables rondes d’une grande richesse de points de vue ayant donné lieu à un compte-rendu (consultable ici). La démarche a continué à rassembler et à faire converger des acteurs variés directement impliqués dans l’écosystème immersif et métavers.

Plus d’une vingtaine de réunions plus tard, l’ensemble des échanges approfondis et des contributions ont été synthétisées dans un livre blanc dont le contenu aborde les points suivants :

  • Définition et périmètre des contributions : toutes les technologies, usages et expériences immersives
  • 4 thématiques clés : gouvernance-droit-régulation, santé, écologie-climat-biodiversité et diversité-inclusion-accessibilité
  • Pour chaque thématique : les questions qui fâchent ; quelques cas d’usages, acteurs clés et initiatives notables ; que faire ici et maintenant ; perspectives à 2030 ; dans quelles “protopies” se projeter et quelles ressources pour aller plus loin (protopie : mot créé en 2009 par Kevin Kelly, futurologue de 70 ans à la barbe blanche qui est l’un des fondateurs du magazine Wired, une “protopie” n’est ni une dystopie, ni une utopie car “Aucune des deux ne paraissait réalisable ni même désirable”. Formé de “topos” – le lieu – et du préfixe pro qui fait référence à “progrès, progression, prototype, opposition à anti, c’est-à-dire ‘oui’ par opposition à ‘non, à professionnel et à tous les sens positifs du “pro”, qui va de l’avant.”)

Cette démarche collective de réflexion et de contributions que nous avons mené afin de poser les problématiques clés, de recenser les solutions et les cas d’usages existants et de proposer un chemin vers plus de responsabilité dans les technologies, les usages et les expériences immersives va trouver son point d’orgue le 19 octobre 2023 prochain avec la restitution du livre blanc synthétisant l’ensemble des travaux du collectif lors d’un événement exceptionnel qui se déroulera en présentiel chez Microsoft France (Issy-les-Moulineaux) et sera retransmis en ligne sur Teams.

Le programme de cette journée exceptionnelle :

  • restitution du livre blanc sur lequel plus de 30 contributeur-trices travaillent depuis un an et qui rassemble autour de 4 thématiques clés (diversité et inclusion, santé, environnement et gouvernance) les questions qui fâchent (et des éléments de réponse), des cas d’usages positifs et des éléments prospectifs pour favoriser des technologies, usages et expériences immersives plus responsables
  • 3 tables rondes avec des speakers aussi passionnés qu’engagés qui débattront sur les thématiques suivantes :
    • « Le métavers est mort ou il bouge encore ? Pour ou contre ? Pourquoi faire ? Les questions qui fâchent ! » avec Martin Signoux (Meta), Vincent Guigui (OCTO Technology – Accenture) et Maud Clavier (CNXR, VRROOM)
    • « Limiter les impacts négatifs, promouvoir des usages sobres et positifs : oui ! Mais comment on fait concrètement ? » avec Didier Eyssartier (Directeur Général Agefiph), Emilie Brochette (Orange), Vanessa Pénélope (France Immersive Learning) et Landia Egal (Tiny Planets pour le collectif CEPIR)
    • « L’immersif avec des IA, dans le Cloud, avec ou sans Web3 et en toute cybersécurité : convergence technologique, responsabilité et soutenabilité » avec Adrien Basdevant (avocat, co-auteur du rapport gouvernemental sur le métavers), Philippe Trotin (Microsoft France), Marion Scordia (Simplon.co) et Maxime Efoui-Hess (Shift Project)

Il reste 50 places en présentiel donc vous pouvez faire suivre ce mail et le lien d’inscription suivant : https://my.weezevent.com/xr-et-metavers-responsables

Les contributeurs de la démarche : 3D at Home, AÉSIO mutuelle, Agefiph, Atelier BNP Paribas, Basdevant Law Firm, CEPIR, Cisco, CNXR (Conseil National de la XR), Coopérative Carbone, Digiworld Institute, EFREI – Grande école du numérique, ELYX & Fondation Elyx, Euromersive | European Federation of XR Professionals, FABERNOVEL, LA FEDERATION LE PARK NUMERIQUE, France Immersive Learning, GatherVerse, Giris, Greenspector, Havas Group, MainBot, Meta, Microsoft, Ministère de l’Education Nationale, NP Solution, Observatoire Handicap Monde, OCTO Technology et Accenture, One Digital Nation, Orange, PwC, Renaissance Numérique, Simplon.co, Simplon Foundation, Marie-Christine Tan, Tiny Planets.

Une newsletter (en anglais) entièrement dédiée à l’IA for good, soutenable et responsable ?!?

Oui, tout à fait, même que c’est là que ça se passe : https://fredbardeau.substack.com/

Faut dire que le sujet est d’actualité et d’importance (cf ci-dessous) :

Et comme il se trouve que je fais un travail de veille et de curation sur ces sujets importants en parallèle de ma montée en compétences sur l’intelligence artificielle en général, le machine/le deep et le reinforcement learning, les IA génératives et les LLMs… et que « Sharing Is Caring », je vous signale ma newsletter (en anglais) sur l’intelligence artificielle responsable et ses cas d’usages « for good ».

https://fredbardeau.substack.com/

UPDATE : Seamlessm4t by Meta (plus que ChatGPT) est-il la concrétisation (enfin) réussie du mythe de la Tour de Babel ?

25 août 2023: Meta vient de mettre en opensource à disposition Seamlessm4t qui se targue d’être un traducteur universel qui prend en compte 100 langues par écrit et en speech to text >>> en savoir plus : https://thetechportal.com/2023/08/22/meta-introduces-seamlessm4t-an-ai-model-that-translates-and-transcribes-nearly-100-languages/

L’humanité a toujours été fascinée par l’idée de surmonter les barrières linguistiques. Cette ambition est ancrée dans nos mythes les plus anciens, comme le récit biblique de la Tour de Babel. Aujourd’hui, cette aspiration trouve écho dans les avancées des technologies des modèles de langage à grande échelle (Large Language Models, LLM) basés sur l’architecture Transformer de type ChatGPT, Bing Chat, Bard, Llama, Claude…

Le récit biblique de la Tour de Babel et les LLM partagent une ambition commune : transcender les limites linguistiques. Dans le mythe de Babel, l’humanité, unie par une seule langue, entreprend de construire une tour qui atteindrait le ciel, illustrant une volonté d’unification et de grandeur. De même, les LLM cherchent à créer une intelligence artificielle polyglotte capable de comprendre et de générer du texte dans diverses langues, démontrant une aspiration à l’unité malgré la diversité linguistique.

Toutefois, il est essentiel de reconnaître que les motivations à la base de ces ambitions sont très différentes. Dans le récit biblique, l’ambition est teintée d’orgueil, avec une volonté de rivaliser avec le divin. Par contraste, les LLM sont motivés par une volonté de résoudre un défi technologique et d’améliorer les interactions humaines à travers les barrières linguistiques.

La Tour de Babel et les LLM représentent tous deux des moments de progrès significatifs. D’un côté, nous avons une tour monumentale, symbole de l’innovation architecturale de l’époque. De l’autre, les LLM, qui sont le fruit des avancées en apprentissage profond et en traitement du langage naturel, sont de véritables prouesses technologiques. Cependant, les conséquences de ces avancées diffèrent considérablement. La construction de la Tour de Babel a fini par entraîner la dispersion de l’humanité à travers le monde et la naissance de différentes langues, entravant ainsi la communication. À l’inverse, les LLM ont le potentiel d’unir les personnes en facilitant la communication à travers les barrières linguistiques.

Dans le récit de la Tour de Babel, l’intervention divine a mis fin à l’ambition humaine. Avec les LLM, il n’y a pas d’intervention divine, mais il y a de sérieuses considérations éthiques et sociales. L’essor des LLM soulève des questions sur leur utilisation responsable, la protection de la vie privée, les biais algorithmiques, et la fracture numérique. Alors, est-ce que ChatGPT, ou tout autre LLM, est une version réussie de la Tour de Babel ? La réponse est plus compliqué qu’il n’y parait.

D’une part, les LLM réussissent là où la Tour de Babel a échoué : ils parviennent à surmonter les barrières linguistiques, facilitant ainsi la communication et l’échange d’idées. ChatGPT, Bard et les autres permettent à des personnes ne maitrisant pas bien une langue (illettrisme, personnes muettes ou sourdes, dyslexie, dysorthographie, etc) de s’exprimer, d’être comprises et d’obtenir une réponse dans plusieurs langues (bientôt toutes y compris le Breton, l’Occitan, etc) ou selon leur degré de compréhension (« explique moi l’informatique quantique comme si j’avais 12 ans »).

D’autre part, les LLM ne sont pas encore « parfaits » loin de là. En premier lieu le nombre de langues qu’ils maîtrisent n’est pas encore complet (100 environ). Ensuite les questions éthiques et sociales qui les entourent nécessitent une réflexion et une réglementation attentives. On sait que les corpus de textes qui sont tokenisés par les LLM pour leur entrainement sont linguistiquement biaisés (contenus anglo-saxons ou « occidentaux ») et à posteriori « traduits » dans d’autres langues. Donc on serait légitimes à se poser la question de savoir si un LLM « francophone », entraîné sur des contenus exclusivement francophones, serait différent par nature d’un LLM multi-linguistique ou anglo-saxon qui serait ensuite « transposé » dans d’autres langues.

Tout comme la construction de la Tour de Babel, l’essor des LLM est une manifestation de l’ingéniosité et de l’ambition humaines. Cependant, il est essentiel que cette ambition ne nous aveugle pas aux implications potentiellement néfastes de ces technologies. Comme le récit biblique nous le rappelle, l’orgueil humain doit avoir des limites. En matière de LLM, nous ne devons pas pécher par solutionnisme technologique, car ce sont les personnes les plus vulnérables, celles qui risquent d’être laissées pour compte, qui pourraient nous en vouloir… et l’idée que l’anglais puissent être la « méta-langue » qui permet de traduire toutes les autres, ou que le langage est réductible à des tokens vectorisés serait un « blasphème » pour les linguistes autant que pour le bon sens.

Abordons donc le développement et l’utilisation des LLM avec humilité et prévoyance, en gardant à l’esprit les leçons de la Tour de Babel. C’est seulement alors que nous pourrons vraiment dire que nous avons réussi là où la Tour de Babel a échoué et reconstruire une autre unité du genre humain dont nous avons tant besoin pour faire face aux défis communs qui sont devant nous.

Peur de l’Intelligence Artificielle Générale : prophétie auto-réalisatrice ou inquiétude infondée qui fait diversion ?

(no spoiler) Dans le dernier volet de la franchise Mission Impossible 7, « Dead Reckoning. Part I », Tom Cruise affronte une intelligence artificielle générale (AGI) toute puissante, connue sous le nom d' »Entité ». Cette IA, capable de s’introduire dans n’importe quelle installation sécurisée, de manipuler la réalité numérique et d’être plus maligne que les humains, incarne un trope courant dans la science-fiction : l’IA malveillante qui domine le monde. Mais cette crainte de l’AGI est-elle une prophétie auto-réalisatrice ou une peur irrationnelle qui empêche de voir les véritables problèmes qui sont devant nous ici et maintenant ?

Le premier point à prendre en compte est le calendrier de développement de l’AGI. Malgré les progrès rapides de l’IA, la plupart des experts s’accordent à dire que l’AGI, un système d’IA doté de capacités cognitives semblables à celles de l’homme, n’existera pas avant 2050, voire n’existera jamais. Si l’IA a fait des progrès considérables, la complexité et la profondeur de l’intelligence humaine restent inégalées. La peur de l’AGI, telle qu’elle est décrite dans des films comme « Dead Reckoning », ne tient souvent pas compte de cette réalité mais c’est la norme actuellement notamment aux US où même les figures les plus proéminentes de la discipline ou du business de l’IA l’encouragent. Sam Altman, PDG d’OpenAI, a ainsi exprimé ses inquiétudes au sujet de l’AGI, déclarant qu’elle pourrait conduire à « l’extinction de l’humanité » si elle n’était pas gérée correctement. Toutefois, ce point de vue n’est pas universellement partagé par les chercheurs en IA. Nombreux sont ceux qui estiment que l’accent mis sur l’AGI est prématuré et détourne l’attention des défis plus immédiats et plus tangibles posés par l’IA restreinte, tels que la sécurité, l’explicabilité, les préjugés et la garantie d’une utilisation bénéfique de l’IA.

La croyance en l’AGI renforce souvent le préjugé ultime selon lequel les humains se croient inférieurs aux machines. Cette perspective peut conduire à une prophétie auto-réalisatrice dans laquelle nous abandonnons le contrôle aux machines, en supposant qu’elles sont supérieures. Cependant, il est essentiel de se rappeler que nous créons et contrôlons ces outils pour nos besoins. L’image de l’AGI opposée à l’humanité est très répandue, mais il existe de nombreux autres récits dans lesquels l’IA et l’homme travaillent ensemble pour leur bénéfice mutuel. Ce préjugé est savamment entretenu par les « technologues » et les vendeurs de technologie pour des raisons évidentes mais elle parle également au grand public qui fait souvent sienne la citation d’Arthur C Clarck : « Toute technologie suffisamment avancée ne peut être distinguée de la magie. » Hors il n’en est rien. Tout le travail qu’on fait à Simplon va contre cette idée et cette vision : des enfants en primaire, au collège ou au lycée à nos apprenant-es en passant par les salariés que nous up/reskillons, nous avons inlassablement le même discours démystificateur, vulgarisateur et terre-à-terre : ce sont des outils géniaux mais ça reste des outils, nous les avons créées, nous les utilisons, ils doivent rester en notre contrôle, pas de magie là dedans, regardons sous le capot et codons, fablabons, créeons, déconstruisons, etc.

Midjourney « artificial general intelligence for good –s 50 –v 5.2 »

Car l’enjeu est grave et ce n’est pas l’AGI ou « l’Entité » : c’est que la peur de l’AGI nous empêche de nous concentrer sur les vrais problèmes liés à l’IA. Des questions telles que la sécurité, l’explicabilité et les biais, la sécurité et la confidentialité et le respect de la vie privée, les usages inutiles ou toxiques, l’alignement des IA avec les valeurs et droits universels humains sont des préoccupations urgentes qui requièrent une attention et une action immédiates. Par exemple, comment garantir que les systèmes d’IA sont à l’abri des attaques malveillantes ? Comment rendre les décisions de l’IA compréhensibles pour les humains et en adéquation avec les Objectifs du Développement Durable des Nations Unies ? Comment éliminer les préjugés dans les systèmes d’IA ? Telles sont les questions que nous devrions poser et auxquelles nous devrions répondre au lieu de fantasmer sur l’AGI et nous devrions nous concentrer sur le fait de promouvoir l’utilisation de l’IA for good. L’IA a le potentiel de résoudre certains des problèmes les plus urgents du monde, du changement climatique aux soins de santé en passant par l’éducation. Toutefois, ce potentiel ne peut être réalisé que si nous nous concentrons sur le développement et le déploiement de l’IA de manière responsable.

Bien que l’IA constitue un méchant convaincant dans des films tels que « Dead Reckoning », il est important de ne pas laisser ces récits fictifs obscurcir notre jugement. Nous devons nous rappeler que l’IA est un outil créé par les humains, pour les humains. Alors que nous continuons à faire progresser la technologie de l’IA, restons dans le siège du conducteur et encourageons les multiples « IA centaures » où le contrôle reste humain versus une IA « minotaure » où c’est l’élément non-humain qui dirige un corps humain.

L’avenir de l’IA est entre nos mains et il doit le rester for ever.

Non ?

L’IA et le futur du travail: on se met au boulot ou bien ?

Voilà un article sur une thématique qui m’est très chère, puisque je la vis au quotidien avec Simplon : le futur de l’emploi à l’heure de l’IA, et sur un sujet pas facile et controversé.

Je suis tombé dernièrement sur une étude de l’OCDE qui anticipait la disparition de près de 15 millions d’emplois dans les 20 prochaines années à cause (ou grâce) des progrès exponentiels de l’IA et de l’automatisation. Rassurez-vous tout de suite, je ne pense pas qu’on sera tous chômeurs, contrairement à ce que prédisent certains « prophètes de malheur » plutôt pessimistes. En fait, ces études prospectives oublient souvent de mentionner que de nouveaux emplois vont aussi être créés, en nombre, par les mêmes technologies qui en détruisent, et qu’elles vont aussi transformer la nature même du travail pour la majorité d’entre nous.

Midjourney – Artificial Intelligences and Humans peacefully working together, Utopic Cartoon style –s 50 –v 5.2

Pour le meilleur et pour le pire.

Côté meilleur, l’IA va nous permettre de déléguer les tâches pénibles, répétitives et sans valeur ajoutée au robots et aux algorithmes. On aura plus de temps pour se concentrer sur la créativité, l’innovation, les relations humaines et le sens au travail. L’IA pourra aussi augmenter nos capacités cognitives, améliorer notre productivité et personnaliser nos expériences.

Côté pire, les emplois peu qualifiés et ceux basés sur des compétences facilement automatisables risquent de disparaître. De plus, la frontière entre vie privée et vie professionnelle risque de s’estomper définitivement avec des IA de plus en plus intelligentes et omniprésentes. On aura aussi affaire à la dépendance croissante aux machines et à la perte de certaines capacités humaines (calcul mental, orientation, mémorisation, etc.).

Pour conclure, je reste convaincu que l’humain restera irremplaçable. La créativité, l’empathie, la collaboration, la pensée systémique ou encore la sagesse sont des capacités qui font notre humanité. À nous d’utiliser l’IA pour les développer et non les remplacer.

Le succès de demain appartiendra à ceux qui sauront allier l’humain et la machine, en faisant interagir le meilleur des deux mondes. Notre avenir n’est pas de nous faire remplacer par les robots mais de travailler avec eux, en complémentarité. La clé sera la formation tout au long de la vie pour développer ces « complementary skills » et d’autres compétences d’avenir.

Midjourney – Artificial Intelligence taking over human jobs, Dystopic cyberpunk style –s 50 –v 5.2

Sacré Benedict…

L’article « AI and the automation of work » de Benedict Evans m’a également marqué car pour une fois il discute de l’impact de l’IA générative, des grands modèles de langage (LLM) et de ChatGPT sur l’avenir du travail et de l’automatisation. En voici les points principaux :

  • Changement Générationnel : L’IA générative, les LLM et ChatGPT sont considérés comme un changement générationnel dans ce que nous pouvons automatiser avec le logiciel. Ils devraient apporter plus d’automatisation et de nouveaux types d’automatisation.
  • Automatisation et Emplois : L’auteur soutient que bien que l’automatisation puisse éliminer certains emplois, elle en crée également de nouveaux. Cela a été la tendance au cours des 200 dernières années. Cependant, la crainte est que les nouveaux emplois créés par l’IA et l’automatisation ne soient pas aussi prévisibles ou aussi nombreux que les emplois qui sont automatisés.
  • Le Sophisme de la masse de travail : L’auteur discute du « sophisme de la masse de travail », qui est la fausse idée qu’il y a une quantité fixe de travail à faire, et que si une partie du travail est prise par une machine, il y aura moins de travail pour les gens. Cependant, si une tâche devient moins chère grâce à l’automatisation, plus de personnes peuvent se la permettre, et elles ont plus d’argent à dépenser pour d’autres choses, créant de nouveaux emplois.
  • Le Paradoxe de Jevons : L’auteur introduit le paradoxe de Jevons, qui suggère que lorsque la technologie rend les processus plus efficaces et moins chers, nous avons tendance à en utiliser davantage, ce qui entraîne une augmentation de la consommation. Ceci a été appliqué au travail de col blanc depuis 150 ans.
  • La Vitesse d’Adoption : L’auteur souligne que l’adoption de technologies d’IA comme ChatGPT se fait beaucoup plus rapidement que les technologies précédentes comme l’internet ou les PC. Cependant, l’auteur soutient que le remplacement ou l’automatisation des outils et des tâches existants n’est pas trivial et prendra du temps.
  • Le Taux d’Erreur : L’auteur discute du taux d’erreur des technologies d’IA, affirmant que bien qu’elles puissent répondre à ‘tout’, la réponse peut être fausse. C’est parce que les technologies d’IA ne font pas une recherche dans une base de données mais créent un modèle. Comprendre cela est crucial pour éviter les erreurs.
  • L’Avenir du Travail : L’auteur suggère que les LLM détruiront, déplaceront, créeront, accéléreront et multiplieront les emplois tout comme les technologies précédentes l’ont fait. Cependant, la vitesse de ce changement pourrait causer plus de douleur de friction et rendre plus difficile l’adaptation.
  • La Question de l’AGI : L’auteur conclut en discutant du potentiel de l’Intelligence Artificielle Générale (AGI), un système qui pourrait faire tout ce que les gens peuvent faire sans aucune limitation. Si un tel système existait, il pourrait potentiellement remplacer les humains dans de nombreux emplois. Cependant, l’auteur soutient que nous sommes loin d’atteindre l’AGI, et jusqu’à ce que nous y arrivions, nous avons affaire à une autre vague d’automatisation.

Mais que disent les études (lol) ?

D’après des études récentes menées par le MIT, le NBER, Goldman Sachs, OpenAI/University of Pennsylvania et Accenture, de nombreuses professions dans les pays développés seront fortement impactées par le travail assisté par l’intelligence artificielle (IA) ou par son remplacement. Bien que les impacts varient considérablement selon les professions, l’IA a le potentiel d’affecter 80% de la main-d’œuvre aux États-Unis et, selon un rapport de Goldman Sachs, d’augmenter le PIB mondial de 7%. Une étude d’Accenture montre que, parmi 22 groupes professionnels, 40% des tâches actuelles présentent un fort potentiel d’automatisation ou d’assistance, notamment dans les secteurs des services financiers, des logiciels et des plates-formes, de l’énergie, et des communications et des médias.

Les gains potentiels de productivité sont significatifs. Même avec des mises en œuvre relativement précoces de l’IA sans contexte d’entreprise, une étude récente du MIT a montré que la productivité des travailleurs sur des tâches typiques de bureau pourrait être améliorée de plus de 50%, les tâches de codage pouvant être réalisées deux fois plus rapidement grâce à l’IA. Les résultats varient considérablement selon les fonctions : dans le support client, des études ont montré une augmentation de 14% du nombre de problèmes traités par heure avec l’assistance de l’IA, et les économistes ont observé une augmentation de productivité de 10 à 20%. En revanche, dans les ventes, les représentants du développement commercial (RDC) peuvent envoyer 15 e-mails personnalisés et étudiés par heure avec l’assistance de l’IA, contre trois par heure manuellement, soit une différence de 5 fois. À mesure que les modèles s’améliorent et qu’ils ont accès à des données d’entreprise plus holistiques, ces chiffres augmenteront davantage.

Les travailleurs moins productifs ou nouvellement embauchés bénéficient de manière disproportionnée de l’IA. Selon l’étude du MIT sur les tâches de bureau, non seulement tous les travailleurs étaient plus productifs avec l’IA, mais les gains étaient beaucoup plus importants pour les travailleurs moins productifs au départ, et leur taux d’amélioration était plus élevé. Le même constat a été fait dans la recherche du NBER sur la productivité des centres d’appels, où les opérateurs des centres d’appels pouvaient choisir des réponses générées par l’IA pour répondre aux demandes d’assistance. Dans cette dernière étude, le modèle était continuellement amélioré grâce aux réponses des opérateurs hautement qualifiés, ce qui permettait de partager les connaissances tacites des travailleurs les plus qualifiés à l’ensemble de la main-d’œuvre.

Et le « AI & Skill-Biased Technical Change » alors ?

Dernier truc que j’ai envie de vous partager car ça m’a marqué, c’est que des recherches confirment qu’il y a bien un « biais » dans les IA au niveau de leurs impacts sur les compétences et le monde du travail, mais c’est pas celui qu’on imagine. En effet, le « changement technologique biaisé en faveur des compétences » est une évolution validée par la recherche en 2016 et en 2023 qui démontre que les travailleurs qualifiés sont favorisés car cela augmente leur productivité et donc leur demande relative, en particulier avec l’adoption de nouvelles technologies d’information. Cette tendance a des implications importantes pour la répartition des revenus et peut contribuer à l’augmentation des inégalités salariales. Une étude portant sur 16 pays européens entre 2011 et 2019 a révélé que la part d’emploi a généralement augmenté dans les métiers plus exposés à l’intelligence artificielle (IA), en particulier pour les métiers qui emploient une proportion plus élevée de travailleurs jeunes et qualifiés. Cependant, cette tendance n’est pas uniforme et varie en fonction du rythme de diffusion de la technologie, du niveau d’éducation, de la régulation du marché des produits et des lois de protection de l’emploi. Aucune preuve solide n’a été trouvée d’une relation entre les salaires et l’exposition potentielle aux nouvelles technologies.

Cela est assez intéressant je trouve non ? Mais les choses ne sont pas claires hein ?
Donc ça veut dire qu’on a pas fini d’en parler, ici et ailleurs.

Et vous, qu’en pensez-vous?